"La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas", déclarait Emmanuel Macron, en avril 2022, dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Dix-sept mois plus tard, l’heure est enfin venue pour lui de présenter les détails de la planification écologique si souvent évoquée depuis sa réélection. La Première ministre Élisabeth Borne en a présenté les grandes lignes, les 18 et 19 septembre, aux chefs de partis et devant le Conseil national de la refondation. Si les objectifs, aussi bien au global – réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 – que par secteur, sont donc déjà connus, il fallait encore les moyens pour les atteindre. Or, se contenter de fixer des objectifs ne suffit pas. En 2022, la France n’a pas atteint ses objectifs climatiques ni énergétiques (voir infographies). Il convient donc de détailler la façon dont le gouvernement entend y parvenir. Le transport est le secteur qui émet le plus de gaz à effet de serre en France. Il représentait à lui seul, en 2022, 32,2 % de nos émissions. Réduire les déplacements en voiture thermique est donc primordial, mais aussi changer nos façons de nous déplacer. "Il faut davantage de véhicules électriques, c’est une évidence, mais il faut surtout aller vers des petits véhicules électriques légers pour limiter l’impact des batteries sur l’environnement", insiste Anne Bringault. En ce sens, une mesure limitant le poids des véhicules serait la bienvenue. Le Réseau Action Climat souligne par ailleurs que le nombre de voitures individuelles doit baisser. Il s’agit donc de promouvoir le covoiturage, mais aussi de développer considérablement les déplacements en train. Un important investissement dans le ferroviaire est donc attendu. À l’inverse, une taxation conséquente du transport aérien est particulièrement souhaitée. La question du financement de la planification écologique est primordiale. Le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz, publié en mai 2023, avait estimé à 66 milliards d’euros par an le besoin de financements supplémentaires pour la transition, dont environ 30 milliards d’argent public. "On attend vraiment d’Emmanuel Macron une trajectoire de financements sur plusieurs années car pour transformer des filières, il faut de la visibilité sur plusieurs années", juge Anne Bringault, qui appelle par ailleurs à une fiscalité adaptée à la transition écologique. Il faut, selon le Réseau Action Climat, faire payer les entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre et les ménages les plus aisés, tout en supprimant les nombreuses niches fiscales qui favorisent des activités nuisibles au climat. Les spécialistes sont unanimes : la transition écologique ne pourra se faire que dans un souci de justice sociale. Emmanuel Macron doit donc annoncer des mesures d’accompagnements pour les plus modestes. "Sur la rénovation des logements, par exemple, il faut donner les moyens aux ménages les plus précaires de mener les travaux nécessaires pour qu’ils puissent baisser leurs factures d’énergie, affirme Anne Bringault. Même chose sur la mobilité : il faut accompagner les moins aisés pour leur permettre d’avoir accès à des mobilités durables. L’accessibilité aux solutions est primordiale." La Convention citoyenne pour le climat, instaurée en 2019 par Emmanuel Macron, avait fait de nombreuses propositions allant dans ce sens. Et le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz mentionnait, quant à lui, la nécessité que les "politiques climatiques soient efficaces, mais aussi qu’elles soient justes".